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Je suis un homme mort. Plusieurs fois de suite, j'ai fait face à d'incroyables accidents. Un beau matin de l'année 1955, je nettoyais ma voiture. L'eau était fraîche et me donnait l'impression de revivre. Il faisait chaud, alors, en Californie. Plus précisément à Cholame,  localité située dans le comté de San Luis Obispo.  A grand coup de seau, je nettoyais ma jolie bagnole. Elle me portait chance. Cela faisait quelques mois déjà que je gagnais de nombreuses compétitions automobiles grâce à ma belle Christine. Oui, c'est un peu bizarre de nommer des choses. Mais le fait d'attribuer un nom permettait aussi d'attribuer une âme. Et je la voyais, l'âme de Christine, derrière ses phares, qui me critiquait intérieurement pour ma manière trop violente de la conduire. 

Ce fut la dernière fois où je la conduisais. Sur les routes de Cholame, c'est son cadavre qu'on retrouva, puisque j'ai eu le temps de m'en  sortir, sans séquelles quelconques. 

Elle me fit beaucoup de peine. C'est à cette automobile que devait appartenir l'éternité et non pas à une personne sans importance.

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Ce beau jour d'avril se transforma en cauchemar. Je n'ai pas pu profiter davantage de la Californie. Le village où j'habitais, je venais de le déserter et les habitants auxquels je me suis attachés se sont retrouvés à des funérailles sans le corps du défunt. Je n'ai rien à rajouter sur ce souvenir. Je suis marqué comme au fer rouge par les années où je perds mon entourage tandis qu'eux ne me voient pas vieillir et se posent des questions. J'ai appris, avec le temps, à rester discret. 

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